dimanche 25 novembre 2007

Sénat-Economie : Mondialisation, les Français sont-ils hostiles à la réforme?

Rendez-vous Citoyens du Sénat-Economie, 24 novembre 2007.

Débat "La pédagogie de la mondialisation : les Français sont-ils hostiles à la réforme? " avec Jean-Marc Sylvestre (rédacteur en chef France de TF1-LCI) & Liêm Hoang-Ngoc (économiste, délégué national à l'économie du PS).



Le débat était intéressant, ponctué de rires et d'applaudissements, mais on aurait voulu plus de développement sur la mondialisation - et le public l'a réclamé !
J'expose ici quelques points du débat et je les développe...


La mondialisation et ses contradictions

Le comportement contradictoire de l'acheteur.
Jean-Marc Sylvestre raconte comment les acheteurs voisins des usines Moulinex dépités par les délocalisations investissent malgré tout dans des produits étrangers. Les motifs pour acheter de l'électroménager asiatique : meilleure durée de vie et surtout un prix moins élevé. Voilà comment la révolte suite à des pertes d'emplois français est vite oubliée et comment les réticences face à la mondialisation s'envolent. Le consommateur français n'achète plus français; et même s'il se dit contre la mondialisation car elle entraîne des répercussions négatives sur certains secteurs de notre économie, finalement il y participe en connaissance de cause.

Le comportement contradictoire de l'Etat.
Liêm Hoang-Ngoc évoque l'Etat actuel en tant que frein à la mondialisation. Si ce dernier prône l'ouverture à l'international, il ne favorise pas vraiment l'amélioration de la balance commerciale (en négatif puisque la France n'exporte pas assez). Liêm énnonce deux entraves : les prix qui, en réalité, ne sont pas librement fixés par le marché, donc qui ne correspondent pas réellement à l'offre et la demande; et le manque d'investissements publics ou son mauvais usage. En effet, le système français favorise plus l'épargne que l'investissement. Celui-ci doit être favorisé, notamment dans la recherche et l'innovation, pour permettre à la France une meilleure compétitivité à l'échelle mondiale.


Au coeur du problème : le pouvoir d'achat

L'hostilité liée à la réduction du pouvoir d'achat ?
Selon Liêm, même si les chiffres affirment qu’il n’y a pas eu de perte de pouvoir d’achat, mais plutôt une augmentation de celui-ci, ce résultat est très discutable car il s’agit d’une moyenne. Si la classe la plus riche a augmenté son pouvoir d’achat (% en plus sur un gros salaire = forte augmentation), les plus modestes ont vu le leur se réduire (% en moins sur petit salaire = diminution mineure, même si ces derniers sont plus nombreux que les "privilégiés"). Mathématiquement et proportionnellement, le résultat apparaît positif mais ne reflète pas la réalité. La majorité, celle du milieu, a réellement perdu du pouvoir d’achat.

Changement des habitudes de consommation.
Pour Jean-Marc, plus que la perte d’un pouvoir d’achat, ce sont les habitudes des consommateurs français qu'il faut mettre en question. La part de la nourriture dans le budget des ménages qui était autrefois majeure a considérablement chuté (aujourd'hui elle représente environ 14% du budget total) pour laisser place aux achats d'équipement et de loisirs. L'exemple cité, révélateur de ces modifications : "les consommateurs français vont râler pour une augmentation du pain de 5 centimes et à côté, ils vont consommer à foison des pâtisseries hors de prix" - Jean-Marc désigne du doigt celles servies au petit déjeuner débat...


Pour conclure, Jean-Marc Sylvestre est heureux de voir les français à l'étranger "qui travaillent, qui bossent, qui ne se plaignent pas, qui sont fiers de leur réussite et n'ont pas honte de gagner beaucoup d'argent*". Tandis que Liêm Hoang-Ngoc "n'est pas gai*", car plus pessimiste à propos de l'avenir de l'économie française et donc indirectement de sa compétitivité au niveau international.


Finalement, les deux intervenants seront d'accord sur au moins un point : "Les statistiques c'est comme les mini-jupes : ça donne envie mais ça cache l'essentiel*!"

Leurs ouvrages :




*Ce qui est entre guillemets est évidemment rapporté mot pour mot.